Achikochi

Ce Japon qui change

2017-01-02 | Lecture : 3 min

Cherchant des idées de balades photo sur Tokyo, je suis tombé sur une veille discussion sur le site de Lonely Planet. Une liste de lieux moins connus, loin du caractère propret, calibré des incontournables lieux touristiques, juste ce que je cherche en ce moment.

Sauf que, la discussion date d’il y a neuf ans.

Et que donc les lieux ont changé, leurs ambiances aussi. Ce qui était considéré comme des petites perles méconnues sont devenues des coins hyper touristiques (Nakano Broadway, Yanaka Ginza) ou leur caractère a bien changé (Shimo-Kitazawa).

Etat des lieux

Dans certains cas, le changement vient des plans de redéveloppement. Les gigantesques chantiers de Marunouchi ou de Shibuya redéfinissent le paysage et les gens qui vivent dans le quartier (mais, hourra, permettent d’enterrer les câbles électriques). Un peu comme les Batignolles a Paris.

Dans d’autres cas, c’est justement ce caractère propre au quartier qui attire une nouvelle population. Nippori, Kita et Minami-senju étaient considérés comme des bidonvilles où vivaient la caste la plus basse de la société Japonaises (les Burakumins) et a ce titre, les logements et les hôtels étaient peu chers. Ce qui a attiré d’abord les globe-trotters, auto-stoppeurs en tout genre ou simplement ceux qui cherchaient à voyager a moindre coût, pour ensuite attirer des gens voulant simplement profiter des loyers plus bas.

Enfin, certains sites ou guides voulant trouver ces fameuses perles en font la publicité. Et attirent donc les gens qui sont curieux de neuf dans des coins ou ce n’est pas forcément prévu pour. Par exemple, le gouvernement japonais souhaite attirer plus de touristes vers la campagne japonaise pour désengorger Tokyo et Kyoto qui captent 80% des touristes. Sauf que ces autres villes ne sont pas forcément équipées pour gérer des touristes ou les pics de touristes asiatiques (par exemple, les Chinois, qui représentent 60% des touristes, ayant peu de vacances de longue durée partent en grand nombre au Nouvel an et pour la fête de la lune).

Et alors ?

On peut se consterner que les vieux quartiers disparaissent, que les sentos ferment les uns après les autres, que les boutiques franchisées viennent remplacer petit a petit les boutiques familiales, y compris dans des coins branchés comme Harajuku.

Vue d'architecte de la future gare d'Harajuku
Vue d'architecte de la future gare d'Harajuku

On peut aussi reconnaître que les infrastructures n’étaient plus adaptées à la ville ni à la vie. Que des projets comme la reconstruction de la gare d’Harajuku pour un bâtiment moderne des plus banal, faisant disparaître la gare historique, est immonde mais répond aussi à un besoin d’accueil des passagers, bien trop a l’étroit dans cette gare qui n’avait pas été prévue pour 30% du trafic qu’elle voit aujourd’hui. Ou que la disparition des vieilles maisons en bois du « vieux » Shinjuku de l’après guerre, correspond a un besoin de sécurité incendie, surtout dans les petites rues sinueuses ne permettant pas le passage des véhicules de pompier.

On peut aussi voir que ceux qui se plaignent de la disparition de ces lieux y vont peu ou pas, ne veulent pas y vivre ou ne sont pas prêt a débourser ce qui est nécessaire pour retaper et entretenir ces vieilles maisons. Kyoto essaient de sauver ses vieilles maisons et y arrive par un savant mélange de financement et de reconstruction pour remettre aux normes de la vie actuelle (eau courante, électricité, isolation…). Succès dans une certaine mesure puisque leur disparition continue ou qu’elles sont noyées entre des mansions.

Et puis, on peut voir ça comme des nouvelles opportunités. Tokyo bouge, vit, change. De nouveaux coins à voir. De nouvelles personnes à rencontrer. Un peu comme ces temples millénaires reconstruits tous les 20 ans… Mais millénaires quand même.

Le pire qui pourrait arriver a Tokyo serait de faire comme Paris, de tout vouloir mettre sous verre, de tout orienter pour les touristes.