Achikochi

Elections : vers un renouvellement des candidats ?

2019-07-14 | Lecture : 6 min

Avec le renouvellement de la Chambre des Conseillers la semaine prochaine, regardons un peu les candidats en lice.

J’avais écrit au sujet des élections précédentes en 2016. Les sujets d’inquiétudes n’ont pas vraiment changé. Les objectifs du gouvernement non plus.

Un mot sur le mode de renouvellement

La Chambre des Conseillers compte officiellement 248 sièges renouvelés par moitié tous les 3 ans. Ce nombre de sièges est en fait en cours d’augmentation. Il y avait 242 sièges en 2016 progressivement porté a 248 en 2022.

A chaque département est alloué un nombre de sièges, a l’exception des départements de Tottori et Shimane, et de Tokushima et Kochi qui sont regroupés deux à deux.

Pour le renouvellement de la moitié de la Chambre, il y a donc 124 sièges ouverts dont 74 élus à la majorité simple (c’est à dire les candidats arrivant en tête dans chacun des départements) et 50 sièges sélectionnés sur liste, par parti, à la proportionnelle au niveau national.

A noter que les candidats doivent au moins avoir 30 ans pour postuler à la Chambre des Conseillers (contre 25 ans pour la Chambre des Représentants)

Candidats : de 32 a 88 ans

Les candidats ont 53 ans d’age moyen (médiane = 52 ans). Ce qui est en fait 8 ans de moins qu’au Sénat, l’équivalent français de la Chambre des Conseillers. Je suis le premier a avoir l’image d’une Diete ou ne siègent que des personnes agées mais ce n’est pas entièrement le cas.

Le candidat le plus jeune a 32 ans (M. Yasue, département d’Aichi). Il participe donc à la première élection pour laquelle il peut postuler. Le plus vieux 88 ans (M. Mikami, département de Kyoto).

Il est intéressant aussi de voir la répartition par age. La plupart des candidats sont dans la quarantaine, suivi de près par ceux dans la cinquantaine.

Pyramide des ages des candidats

Cependant, en regardant ce qu’il en est entre Hommes et Femmes, on a une image un peu différente. La majorité des candidates viennent juste d’entrer dans la quarantaine alors que les candidats hommes sont eux plutôt dans la quarantaine bien tassée voire la cinquantaine. On le retrouve aussi dans l’âge moyen des candidats: 48 ans pour les femmes, 54 pour les hommes.

Distribution des ages des candidats H/F

Parité des candidats

Quite à parler de différence entre candidats et candidates, autant regarder leur répartition.

Il y a donc un quart de femmes parmi les candidats. N’ayant pas le détail des élections précédentes, je ne peux pas comparer mais il semble que le nombre soit en hausse.

Les partis en course

Le LDP, le parti au pouvoir quasiment continuellement depuis la seconde guerre mondiale, de nombreux micro-partis et indépendants se lancent dans les élections. Les partis plus établis sont également présents ainsi que le Komeito, le parti politique de la secte bouddhique Soka Gakkai et allié régulier du LDP.

Le parti du premier ministre Abe est le seul à proposer des candidats dans les 45 circonscriptions. Le Parti Communiste, qui jusqu’il y a quelques années faisait des pieds et des mains pour faire de même, a changé d’approche depuis quelques années et s’associe a d’autres partis localement.

Les élections sont aussi l’occasion pour certains partis d’apparaitre et/ou de porter leur message. Les candidats du NHKから国民を守る党 (le Parti pour protéger les citoyens de la NHK) bénéficient justement de la NHK pour faire passer leur message. Certains ont une approche un peu particulière.

Tweet avec photo montrant un candidata avec une cagoule en forme de fraise sur la NHK

Avec un seul candidat au niveau local, le Reiwa Shinsengumi (れいわ新撰組), a réussi a faire beaucoup parler de lui, au moins sur les réseaux sociaux. Il aligne également 2 candidats handicapés pour les 50 sièges attribués a la proportionnelle, ce qui forcerait la Diete a faire des aménagements pour que ces Conseillers puissent exercer.

Quels candidats ? None of the above

C’est malheureusement souvent le cas dans les sondages. Malgré les messages à la télévision, les candidats qui diffusent leurs noms dans les moindres recoins et devant les gares etc, il y a assez peu d’intéret pour les élections.

Les 18-19 ans, qui peuvent maintenant voter après un changement de loi en 2016 dans une grande opération séduction, sont ceux qui ont pourtant le moins d’intention d’aller voter.

Rassurant de voir que pour 60% d’entre eux, choisissent un candidat en fonction de son programme plutôt qu’au hasard ou en fonction du partie. Il y a cependant un décalage entre le programme du LDP, le parti qui domine la politque depuis 70 ans et celui des autres partis. Ce qui donne quelques scènes étonnantes lors des débats entre les dirigeants des différents partis, notamment sur les questions de société (égalité homme-femme, mariage pour tous etc…)

Tweet avec photo montrant un candidata avec une cagoule en forme de fraise sur la NHK

Il y a aussi une forme de cynisme par rapport a ces élections. Il était bien prévu que la Chambre des Conseillers soit renouvellée cette année mais plutôt en fin d’année (initialement prévue en décembre). Sauf qu’en octobre, la taxe sur la consommation va passer de 8 à 10%, ce qui fait craindre une récession mais qui risque surtout de ruiner la réputation du LDP qui met en oeuvre cette augmentation.

Pour éviter de se faire laminer lors des élections, Abe a donc avancé les élections bien avant histoire de garder le contrôle du parlement avec ses alliés. Objectif clair : amender la clause de pacifisme de la constitution. En annonçant même que ces élections sont un pseudo-référendums sur la révision constitutionnelle.

Gaffes en pagaille

Avant les élections, l’objectif pour le LDP étant donc de ne pas faire de vagues, allant même jusqu’a sortir un manuel, sensé rester interne, pour éviter de faire des gaffes en public. Manuel qui a évidemment fuité et qui a eu l’effet inverse a celui espéré.

La principale gaffe a été au sujet des retraites. Alors que le ministère de finances a annoncé que le niveau actuel des retraites était insuffisant et que les ayant-droits devaient avoir une épargne solide s’ils voulaient vivre normalement. Ce qui a causé une vague de « c’est évident, ça fait 15 ans qu’on vous le dit. » de la part des Japonais.

La gaffe vient de la réaction de Taro Aso, ministre des finances et vice-premier ministre qui a d’abord conclut que ceux qui réagissaient étaient trop bêtes pour comprendre le sujet puis, avec le Premier Ministre, a tout simplement de refuser de répondre aux questions sur ce sujet, pour éviter de plomber les prochaines élections.

En conclusion

Grace au système de vote anticipé, les japonais ont commencé à voter à partir du 5 juillet mais le vote officiel sera le 21 juillet et les résultats dans la foulée.

Ce ne sont pas des élections qui passionnent les foules, ce qui contribue au maintien du status quo politique.