Chats errants
Si vous trainez en ville, il y a de grandes chances que vous croisiez des chats errants. Que ce soit au fin fond des quartiers résidentiels ou a proximité de temples ou sanctuaires, ils pullulent. Et il y a deux choses qui m’ont frappés par rapport a ceux que je croisais en France et en Chine. Et quite a faire des recherches pour moi, autant en faire un article de blog.
Sakura (pizza) cats
Certains viennent les nourrir, souvent pour les approcher et grappiller quelques caresses (le fait que de nombreux appartements dans les grandes villes soient interdits aux animaux de compagnie doit aider).
Dans les faits, ces chats errants posent pas mal de problèmes et les collectivités locales essaient de réguler leurs populations. Pour cela, plusieurs actions sont mises en oeuvre et plus ou moins suivies dans les faits. La distribution de nourriture est sensée avoir lieu a des endroits précis et des zones a litieres sont installées.
Mais une des mesures les plus visibles est le programme TNR de l’Animal Action Fund et ses sakura-neko.
TNR ou Trap-Neuter-Return est une methode non-lethale de gestion de la surpopulation des chats errants. Le nom résume les differentes étapes de la méthode :
- Trap : capture
- Neuter : castration (souvent associée a des soins plus généraux)
- Return : retour (vers le lieu de capture / la colonie)
Et afin de ne pas traiter un chat deux fois, une des oreilles est entaillée ce qui leur donne une forme de fleur de cerisier a l’origine du nom.
La queue du chat
Un truc qui m’avait surpris en croisant les chats errants ici, c’est notamment le nombre de ceux avec des queues extrêmement courtes ou avec des angles improbables, comme si elles avaient été brisées et mal remises en place (ce qui ne me surprendrait pas plus que ca pour des chats errants).
En fait, la raison est plus simple et plus compliquée que ca.
Parmi les races de chats, cinq ont comme caracteristique d’avoir une queue extremement courte. Dont le Japanese Bobtail (les autres étant l’American Bobtail, le Manx, le Pixie-Bob et le Kurilian Bobtail). La raison est génétique : chez ces chats, les genes T-Box et HES-7 seraient porteur d’une mutation dominante (ou d’une combinaison de mutation sur ces genes) qui induiraient une réduction du nombre et/ou une fusion des vertèbres de la queue ce qui leur donne cette allure caractéristique, plus ou moins marquée suivant les cas et serait spécifique au Japanese Bobcat. Ce qui expliquerait pourquoi les chats errants que l’on croise en Europe.
Cette mutation étant dominante, il suffit qu’un seul des parents en soit porteur pour que ses descendants aient aussi cette queue raccourcie. Mais une autre raison, historique cette fois, entre aussi en jeu.
Pour protéger la production de soie des rongeurs qui perturbaient la production, le shogunat décréta en 1602, la libération de tous les chats de compagnie. C’est notamment la raison a l’origine de la population de chats de Tashirojima, la fameuse ile dont la population de chats dépasse celle d’humains. Mais c’est aussi l’origine de la prévalence de ces chats parmi les chats errants. Ils ont littéralement été rendus errants pour proteger les vers a soie. Et de la, se sont multiplié, propageant leur mutation génétique dans tout le pays.
Le folklore s’est aussi invité dans l’équation, les chats a queue longue étant soupçonnés d’être des nekomata, des yokai chats ayant tendance a manger les humains et a pratiquer la nécromancie. Dans d’autre cas, mais plutôt a Edo, les chats a la queue longue étaient, disait-on, a l’origine des incendies qui ravageaient régulièrement la ville. Par conséquent, les chats a la queue courte étaient préférés, le tout a une période ou, en retour de pendule des décisions du début de l’Ere Edo, posséder un chat était revenu a la mode, ce qui a aidé d’autant plus a propager ce trait.