Achikochi

Histoire de caves à saké

2017-03-08 | Lecture : 4 min

Allez savoir comment, je me suis retrouvé à partir visiter des caves à sake. A une heure de Tokyo, mais toujours dans Tokyo.

L’idée en fait c’était de tester les taxis touristiques, un service que la mairie de Tokyo essaie de développer. Un petit groupe de 8 personnes, 4 d’Asie, 4 d’ailleurs, avait été sélectionné, réparti entre 3 taxis avec des chauffeurs bilingues, et en avant pour une destination inconnue avant le départ.

Un des entrepots dans lequel le sake est préparé

Au final, direction deux caves à saké. La première, Ishikawa brewery, propose une visite en anglais. Et vu que c’est la ville de Tokyo qui nous envoyait, c’est la responsable de communication, adjointe au PDG, qui nous a fait la visite. La seconde, Ozawa Brewery nous a intégré dans une visite en Japonais, bien rodée.

Ciel bleu. Au premier plan, une sugidama (boule d'épines de cedre), symbole du sake en préparation

La mission était donc de se remettre dans des bottes de touristes et de juger de la qualité de service, à la fois pour le taxi et pour les caves.

Et c’est là que ça devient difficile. Pour le taxi, 10/10, pas de souci. Pour les caves, plus difficile a dire.

Le saké de 10h du mat’

Un des réservoir contenant la solution mere de saké

Ishikawa Shuzo : une visite en anglais ce qui la rend accessible, des bâtiments et des jardins magnifiques, une ambiance de parc, des mini sanctuaires un peu partout. Par contre, vous ne voyez rien du sake ou de sa préparation, la présentation en elle même (contenu, supports, matériel) est minable ou inexistant. On vous répète je ne sais combien de fois que la fabrication du sake est très lié au shinto (sans expliquer hein). La dégustation en elle-même est du même genre : quatre différents sakes, y compris celui dont ils sont le plus fiers (un junmai daiginjo) et une spécialité (le ume-sake), ce qui est bien mais le tout fait en 2 minutes chrono, debout au soleil. Bon sake pourtant.

Ozawa Shuzo : une visite en japonais, qui commence dans une salle climatisée prévue pour. Un guide qui connaît son sujet sur le bout des doigts, qui fait participer les visiteurs, qui explique en détail, qui dessine, qui montre des échantillons. Des bâtiments plus anciens que ceux d’Ishikawa Shuzo mais une ambiance plus usine. On sent que ça tourne, qu’il y a de la vie. Que ce n’est pas un musée. Par contre, un seul sake a goûter, celui de la saison.

Il y a deux sortes de tourisme : le bon tourisme et le mauvais tourisme ?

C’est un peu l’impression que j’ai eu. Ishikawa fait visiblement des efforts pour attirer des touristes anglophones. La proximité avec une des bases militaires américaines simplifie les choses. Mais j’ai surtout senti que l’objectif était de préserver les liens de la famille des propriétaires avec les pontes locaux. Ils sont fiers de leur histoire, qu’un des princes impériaux leur ait rendu visite, de leurs liens avec le shinto. Autant de choses qu’ils présentent comme si, en tant que touristes étrangers, on ne pouvait pas vraiment comprendre. Et qu’ils étaient au dessus de toute explication. Un peu une ambiance DisneyLand aussi : c’est une fantaisie plaisante à l’oeil mais il ne faut pas trop réfléchir.

Ozawa avait des installations plus modestes, moins tape a l’oeil qu’Ishizawa. Mais ce qu’ils ont est présenté de façon vivante, sans faire du rentre dedans. Il est facile de voir ce qu’ils font. Est-ce que c’est du à la présentation en anglais/japonais, au guide lui même ?

Et je pense que c’est Ishikawa Shuzo qui s’en sortira le mieux. De par cette ambiance Disneyland qui peu plaire aux touristes, à l’anglais qui peu rassurer. Mais surtout parce que la boutique est simple d’accès.

La place de l’anglais

On va dire que je fais une fixation. Mais pour une fois, je ne suis pas le premier à soulever le point.

Revenons à l’objectif premier de la journée : juger du service de taxi tourisme et des lieux auxquels ils pouvaient emmener leurs clients. Certainement pas s’enfiler quatre verres de sake a jeun a 10h du matin.

Qui dit démarche officielle, dit debriefing à la fin de la journée. Et parmi les participants, trois n’avaient pas un niveau d’anglais super mais un très bon niveau de Japonais. Et forcément, l’a fixation de l’équipe organisatrice sur l’anglais (visites, fournir un interprète pour améliorer le service, …) les a fait réagir. Pas forcément pour eux, mais pour leurs parents ou famille, cible principale de ces taxis tourisme, qu’ils accompagnent dans leur voyage mais qui eux n’ont aucun anglais.

Et là aussi, Ozawa Shuzo se démarque, parce qu’ils sont organiques dans leur approche. Vous pouvez voir, toucher, sentir (et goûter évidemment), pendant la présentation. Ce qui fait qu’avec exactement 0 vocabulaire, vous pouvez suivre la présentation. Plutôt que de rester 30 minutes devant une cuve verte.

Bref, visites intéressantes, pour leur approche mais aussi pour le fait qu’elles aient eu lieu a Tokyo (le département) mais en dehors de Tokyo (les 23 arrondissements).