Ma meilleure prise du Salon du Tourisme de septembre dernier a été ce livre préparé par le Ministère des Affaires Étrangères et qui met en avant nul autre que le tueur a gage le plus connu du Japon : Golgo 13 alias Duke Togo.

Un constat d’échec

Le livre commence par un constat d’échec : alors que le ministère tente depuis des années de mettre en place des formations et des séances d’informations pour préparer les PME a la sécurité dans leurs projets à l’international, celles-ci ne montrent aucun signe d’intérêt.

Et dans les situations désespérées, pour les missions que personnes ne réussit, qui est-ce qu’on appelle ? Golgo 13.

Enfin, c’est surtout qu’un personnage dont la série de 185 tomes (pas chapitres, on parle bien de livres) court depuis 1968 et qui est tellement connu qu’il est devenu l’avatar du tueur à gage (comme Léon avec qui il partage un point comment : leurs films s’appellent tous deux « The Professional » en version anglaise). Mais c’est aussi un personnage qui permettra de toucher les directeurs et propriétaires de PME, plus souvent dans la soixantaine que dans la prime jeunesse.

Un tueur à gage au bureau

Niveau contenu, le livre alterne manga et passages de texte qui ne sont qu’une redite du manga.

S’il y en a parmi vous qui sont parti en VIE et qui ont subi la présentation obligatoire de la DGSE, le message ne va pas vous surprendre :

• il faut se déclarer à l’avance sur la plateforme dédiée (タビレジ)
• vous êtes globalement seuls à l’étranger, à vous de prendre les mesures pour vous informer, et assurer votre protection, celle de votre entreprise et de vos employés
• la sécurité des personnes (japonaises ou non) doit être une priorité des dirigeants de l’entreprise
• c’est infiniment mieux si la politique de sécurité de l’entreprise est écrite, mis à jour, auditée, tout ça tout ça.

Le rôle de notre tueur à gage d’élite dans tout ça ? Gratte papier. Gratte papier façon John Wick mais gratte papier quand même.

Coté Ministère

Ca fait presque 6 mois que j’ai fini ce livre et que le brouillon de cet article traîne dans un coin poussiéreux du blog à côté d’un certain nombre d’autres projets. Et c’est donc en voulant faire un peu de ménage que je suis retombé dessus et que j’ai repris les recherches.

Et à cette occasion, je me suis rendu compte que le Nikkei avait sorti un article sur le sujet aujourd’hui (2 mars 2018). L’occasion était trop belle. L’intérêt de cet article est de savoir comment le projet est sorti des cartons.

Initialement, c’était Master Keaton, ancien archéologue, ancien agent secret et inspecteur de la Lloyds créé par Naoki Urasawa qui devait être la figure centrale du manuel. Sauf que Master Keaton est apparemment trop récent pour être vraiment reconnu par les dirigeants d’entreprise. Donc apparemment 1988-1994, c’est encore « trop récent ». Bref.

Le projet a commencé en 2016 sous l’impulsion d’une seule personne : Yasuyuki Ebata, fonctionnaire du ministère. Quand je dis « une seule personne », c’est vraiment le cas : tous les extraits de mangas sont apparemment une habile composition à coups de ciseaux à partir de plusieurs tomes du manga et dont seule la version définitive à été proposée à la relecture à l’auteur, Takao Saito.

En conclusion

Que dire de ce livre ? Pas grand chose. Ca revient à lire une page d’information du Ministère des Affaires Étrangères dans un emballage manga. Pas vraiment le livre de l’année mais c’est vraiment plus pour l’incongruité de l’objet que je l’ai pris et lu.

Et puis, il est gratuit.