Achikochi

Corée et six ans après – Une semaine dans l’actu #3

2017-03-12 | Lecture : 6 min

On se concentre sur deux grosses actualités cette semaine : les changement en cours en Corée et les 6 ans de la triple catastrophe du Tohoku.

Tensions en Corée

La situation en Corée est « intéressante » en ce moment.

Première Ministre Park
Destitution de la Premier Ministre de Corée du Sud. (Photo : Jeon Heon-kyun / Pool Photo)

Le vice président de Samsung, companie qui représente a elle seule 17% du PIB Coréen, vient de démarrer son procès pour corruption. Désigné comme prochain patron de la société et a un moment ou la transition ne se passait pas forcément au mieux, le procès plonge la société dans le doute et vu son poids, la Corée toute entière.

Et ce, à un moment où la Corée pourrait s’en passer. Après des semaines de manifestations l’an dernier, la Première Ministre Park avait accepté de se mettre en retrait pour répondre aux accusations de favoritisme, notamment en faveur de sa directrice de conscience qui aurait bénéficié de cette position pour obtenir de l’argent et avoir accès à des documents secret d’état.

La Cour Suprême a décidé cette semaine destituer la Premier Ministre Park, lançant la course aux élections prévues le 9 mai 2017. Elle devient donc à la fois la première femme Premier ministre du pays et le premier cas de destitution.

Si la situation à l’intérieure du pays est tendue, elle l’est encore plus a l’extérieur. La Corée a accepté l’installation des missiles THAAD de l’armée américaine sur son sol, citant des inquiétudes par rapport à la Corée du Nord. Sauf que, l’emplacement de ces missiles et surtout des radars qui vont avec, menace la Chine qui y voit un moyen pour les USA de collecter des informations sur les systèmes de défense chinois. Ce qui rend les relations très tendues entre les 3 pays, surtout à un moment où les armées américaines et coréennes s’entrainent ensemble en mer pour parer à la menace nord-coréenne (et sans doute chinoise aussi).

Et le lien avec le Japon dans tout ça me direz-vous ? D’abord, ce sont des voisins, et quand il y a des voisins qui sont sur le point de se lancer des cocktails molotovs, ça peut valoir le coup de s’y intéresser. D’autre part, Abe et Park avaient travaillé pour arriver à la signature d’un traité de paix clôturant enfin la seconde guerre mondiale. Chacun des deux premiers ministres devant lutter contre une opinion public et des politiciens opposés à l’accord. Un des points difficiles étant la reconnaissance et la compensation des femmes engagées de force dans la prostitution pour l’armée japonaise au moment de l’occupation du pays par le Japon.

Aujourd’hui, cette accord est remis en cause. Entre la signature de l’accord en 2016 et aujourd’hui, la mise en oeuvre s’est heurtée a des difficultés mais progressait doucement. Cependant, depuis quelques semaines, on note une certaine crispation des relations. Une star de la KPop a du se mettre en retrait après qu’un journal ait révélé que son grand père était pro-Japonais. Dans le même temps, les arbres devant les archives nationales ont été transplantés loin des regards car ils avaient été planté par les Japonais et que cela ne correspondait plus aux politiques du pays…

Bref, la région est tendue.

Oh, et ça n’aide pas non plus que la Corée du Nord et la Malaisie soient en bisbille suite à l’assassinat de Kim Jong-Nam, le demi-frère de Kim Jong-Un. La Malaisie a refusée que la Corée du Nord vienne mettre son nez dans l’enquête, ce à quoi la Corée du Nord a interdit a tous les Malaisiens sur son territoire de quitter le pays. En réponse, la Malaisie a verrouillé la délégation / ambassade de Nord-Corée dans son enceinte et interdit à qui que ce soit d’entrer ou de sortir.

6 ans après le tremblement de terre du Tohoku

Le 11 mars marquait aussi les 6 ans après le tremblement de terre de magnitude 9/9.1 et du tsunami qui a suivi et qui a fait plus de 18 500 victimes et toujours 2500 disparus. Sans compter les 123 000 personnes toujours déplacées.

Ce sont elles qui aujourd’hui vivent les conditions les plus difficiles. En plus de vivre dans des logements temporaires construits en urgence ou d’avoir dû déménager dans d’autres régions. Ces mêmes personnes sont aussi sujettes à des discriminations, du même style que celle reçue par les Hibakusha, ceux ayant survécu aux bombardements de Hiroshima et Nagasaki.

Ces discriminations s’étendent notamment aux enfants. Je mentionnais un professeur étranger mis à pied pour s’être moqué d’un de ses élèves natif de la préfecture mais ce genre d’incidents se répètent au niveau national.

Ca n’aide pas non plus que la confusion règne entre le département de Fukushima (un peu plus grand que l’Île de France ou un peu moins que la Wallonie), la ville de Fukushima chef lieu du département situé dans les terres à la pointe nord et la centrale de Fukushima située en bord de mer à 90 km de là.

Les efforts de reconstruction continuent. Que ce soit la réhabilitation des villes, des infrastructures y compris agriculture ou de la centrale.

L’aspect humain et surtout désinformation est des plus gros soucis, beaucoup cherchant à faire du clic en jouant sur les peurs.

Le reportage récent de France 2 sur le sujet est assez complet et explique aussi pourquoi la France est tellement impliquée dans le sujet (en positif, mais aussi en négatif, les français ne sont pas appelés les flyjins pour rien…)

Sans compter qu’un événement de cette ampleur n’a pas d’équivalent aujourd’hui et que les scientifiques et médecins découvrent la situation au fur et à mesure. Les radiations ne sont pas aussi élevées que prévues (Science), les détections de cancers de la thyroide se font sans élement de comparaisons et avec de meilleurs matériels (détectant des anomalies indétectables dans les études précédentes). Idem pour la nourriture.

Des organisations citoyennes comme Safecast compilent des informations sur le sujet avec une indépendance certaine. Et si vous voulez comparer avec la France et son bon sol granitique naturellement riche en radioéléments, l’article de Ogijima est toujours un bon point de départ.

Bref, six ans après, une situation bien compliquée au jour le jour pour les gens concernés.

Le Japon se remémorait aussi le 10 mars les 72 de l’opération Meetinghouse, énorme nuit de pillonage aux bombes incendiaires de Tokyo, tuant 100 000 personnes et laissant 1 million de personnes sans domiciles. 5 fois la triple catastrophe de 2011.