Violences domestiques au Japon
Fin mars, le Cabinet du Premier Ministre japonais (内閣) a présenté les résultats de son enquête sur les violences domestiques (version archivée), celle-ci centrée sur les violences sexuelles.
Cette enquête est réalisée tous les 3 ans depuis 1999 et pour l’édition 2017, inclus les réponses de 3376 Japonais et Japonaises de plus de 20 ans.
L’article suivant se base fortement sur le dossier de Buzzfeed Japan qui a formaté les réponses de manière bien plus présentable que le dossier original prévu pour être imprimé sur une imprimante à aiguilles (reconnaissables dans les captures d’écrans incluses dans cet article).
Content Warning : Violences domestiques et sexuelles.
Aperçu du panel
Parmi les 5000 personnes interrogées, 3376 réponses (1807 femmes et 1569 hommes) étaient complètes et ont été intégrées dans le rapport.
Les tranches d’âge sont relativement équilibrée même si je m’étonne de la faible représentation des vingtenaires
A noter que le panel est plutôt ouvert : il inclut aussi bien les actuels célibataires que les personnes mariées divorcées ou toute variation des cas cités. Il est aussi ouvert aux couples homosexuels : le terme employé tout au long du questionnaire est « partenaire » (配偶者), ce qui, en plus de laisser l’ouverture sur le statut de la relation, ne met pas de limitation sur l’orientation sexuelle non plus. Pratique qui semble d’ailleurs s’étendre (merci Amélie Marie pour l’info)
Et parmi ce panel, 25.1% des interrogés ont été victimes de violences domestiques, au moins une fois, 9,7% de nombreuses fois.
Ces violences se traduisent (dans l’ordre d’occurence) par :
- des violences physiques
- des violences psychologiques
- des pressions économiques
- des violences sexuelles
7.8% des femmes et 1.5% des hommes ont eu des rapports sexuels non consentis
C’est la première fois que les hommes ainsi que les homosexuelles sont interrogés sur le sujet. Jusqu’à présent, la question n’était posées qu’au femme et à propos de leur mari.
La honte comme première raison du secret
56.1% des victimes de viols domestiques n’en parlent pas,
- principalement par honte et parce qu’ils/elles ne pouvaient pas en parler (52.2%)
- parce qu’en prenant sur soi, elles/ils pensaient que ça passeraient (28.3%)
- pour ne pas raviver le souvenir (22.8%)
- parce qu’ils/elles ne ressentent pas que ce soit un sujet à discuter
- parce qu’elles/ils se savaient pas où ou vers qui se tourner pour en parler (19.6%)
Sur le sujet, le gouvernement devrait communiquer un peu plus sur le numéro d’aide et d’écoute qui existe déjà : 0570-0-55210 #8008.
N’hésitez d’ailleurs pas à le partager, ça peut sauver des vies.
Il y a aussi des personnes dédiés dans les mairies à Tokyo au minimum. Une recherche rapide semble montrer qu’il existe un dispositif similaire dans les grandes villes ou dans les préfectures de département.
Pour les hommes, ce dernier point est d’ailleurs la principale raison pour laquelle ils ne s’ouvrent à personne.
70% des victimes ont vu leur vie bouleversée
De part les réponses, on peut constater que l’impact psychologique peut aller très loin :
- du remors (21.3%)
- peur de rencontrer des personnes du sexe opposé (17.7%)
- insomnies (16.5%)
- ne fait plus confiance à personne (16.5%)
- perte de confiance en soi (15.3%)
- dégradation de la santé (14.0%)
- dégradation des relations sociales (12.2%)
- peur de sortir (11.6%)
- plus envie de vivre (10.4%)
Pour une femme sur 3 (et un homme sur 5), c’est le conjoint l’oppresseur
~70% des hommes et ~40% des femmes n’en parlent à personne
Les enfants subissent aussi
Dans 20% des foyers où il y a de la violence entre conjoints, cette violence s’exerce aussi envers les enfants, y compris psychologiquement :
- insultes et menaces
- mise a l’écart
- négligence (privation de nourriture, enfermement, privation de soin, …)
Le mot de la fin
Les violences domestiques sont un sujet grave et loin d’être limitées au Japon.
Soyez ouvert si on vous en parle et faites connaitre le numéro d’aide national 0570-0-55210 #8008
Edit: mise a jour avec le nouveau numéro de téléphone